
L’HELICE / LES HELICES
✈️ 1. Comment fonctionne une hélice d’avion léger ?
Une hélice d’avion agit comme une aile tournante.
Chaque pale possède un profil aérodynamique semblable à celui d’une aile. Lorsque le moteur fait tourner l’hélice :
- Les pales génèrent une portance, mais orientée horizontalement.
- Cette portance crée une traînée propulsive, c’est-à-dire une poussée vers l’avant.
- L’air est accéléré vers l’arrière → l’avion est poussé vers l’avant (principe d’action/réaction).
Les facteurs qui influencent la poussée
- La vitesse de rotation (RPM)
- Le pas de l’hélice (angle des pales)
- Le diamètre de l’hélice
- La vitesse de l’avion dans l’air
✈️ 2. Les principaux types d’hélices
✔️ A. Hélice à pas fixe
- Les pales ont un angle constant, défini à la fabrication.
- Simple, légère, fiable, moins coûteuse.
- Compromis entre performance au décollage et en croisière.
Types :
- Pas court (climb prop) → meilleure traction au décollage et montée, mais moins efficace en croisière.
- Pas long (cruise prop) → meilleure vitesse en croisière, décollage plus long.
✔️ C. Hélice à pas variable en vol
Le pilote ou un système automatique modifie le pas en vol.
Deux sous-types :
1) Pas variable simple (variable pitch)
- Le pilote ajuste le pas pour optimiser traction ou vitesse.
- L’angle des pales change grâce à un mécanisme (hydraulique, électrique ou centrifuge).
2) Hélice à vitesse constante (constant speed propeller)
- Le système ajuste automatiquement le pas pour maintenir un régime moteur constant.
- Le pilote sélectionne un régime (RPM), le régulateur modifie le pas pour le maintenir.
- Très efficace → meilleures performances et consommation optimisée.
✈️ 3. Que signifie le “pas” de l’hélice ?
✔️ Le pas correspond à l’angle des pales, qui détermine :
- la quantité d’air déplacée à chaque tour,
- la “vitesse d’avancement théorique” pour un tour d’hélice.
On peut comparer cela aux vitesses d’un vélo :
- Pas court (petit braquet)
Beaucoup de tours, forte traction, bon pour décoller, mais faible vitesse max. - Pas long (grand braquet)
Transmission plus “dure”, moins de traction à basse vitesse mais excellente efficacité en croisière.
✈️ 4. Comment fonctionne une hélice à pas variable ?
Le mécanisme varie selon les modèles, mais le principe général est le suivant :
A. Mécanisme hydraulique (le plus courant sur avions certifiés)
- Un régulateur d’hélice utilise la pression d’huile pour tourner les pales.
- Un flyweight governor compare le régime réel au régime souhaité.
- Si l’hélice tourne trop vite : il augmente le pas, ce qui ralentit la rotation.
- Si l’hélice tourne trop lentement : il diminue le pas, ce qui accélère la rotation.
B. Mécanisme électrique (courant en ULM)
- Un moteur électrique modifie l’angle des pales via un réducteur.
C. Mécanisme centrifuge + volets aérodynamiques
- Utilise les forces centrifuges pour augmenter/diminuer le pas naturellement.
- Systèmes simples et légers, typiques des hélices ULM.
✈️ 5. Résumé simple
| Type d’hélice | Fonctionnement | Avantages | Inconvénients |
|---|---|---|---|
| Pas fixe | Angle constant | Simple, fiable, pas cher | Performance moyenne |
| Réglable au sol | Angle modifiable avant vol | Optimisation selon mission | Pas réglable en vol |
| Variable en vol | Angle ajustable en vol | Performances maximales | Complexe, plus coûteux |
| Vitesse constante | Maintient un RPM fixe | Optimale partout | Système complexe |
LES EFFETS DE L’HELICE

✈️ 1. Les effets aérodynamiques principaux induits par une hélice
Une hélice qui tourne génère plus que de la poussée. Elle modifie également les flux d’air autour de l’avion et crée des moments parasites que le pilote doit gérer.
Les quatre effets majeurs sont :
- Le souffle hélicoïdal (spiral slipstream)
- L’effet gyroscopique (gyroscopic precession)
- L’asymétrie de traction (P-factor)
- Le couple de renversement
Leur intensité dépend du pas de l’hélice et de la vitesse de l’avion.
✈️ 2. Le souffle hélicoïdal (spiral slipstream)
🌀 Définition
L’hélice accélère l’air en spirale autour du fuselage.
À basse vitesse, ce flux « tape » asymétriquement la dérive.
🛩️ Effet typique
- Sur la plupart des avions à hélice tournant dans le sens horaire (vu du cockpit) :
→ la spirale d’air frappe le côté gauche de la dérive.
→ Cela pousse la dérive à droite et fait pivoter le nez à gauche.
Intensité selon :
- Vitesse faible → très fort (décollage, montée)
- Vitesse élevée → quasi nul
- Pas fort / forte puissance → souffle plus énergique
- Pas faible / bas régime → effet réduit
✦ Bon usage
- Lors du décollage → anticiper avec du pied droit.
- Stabilise partiellement en montée si bien compensé.
✦ Mauvais usage
- Mauvaise compensation = dérive latérale importante, risque de sortie de piste.
✈️ 3. L’asymétrie de traction (P-factor)
🛩️ Définition
En forte incidence, le disque d’hélice n’est plus perpendiculaire à la trajectoire :
- La pale descendante a un angle d’attaque plus élevé → elle génère plus de traction
- La pale montante a un angle plus faible
→ Résultat : poussée décalée latéralement → le nez tire à gauche (moteur horaire).
Intensité selon :
- Grande incidence → fort (montée, basse vitesse)
- Pleine puissance → fort
- Pas long → accentué (pales attaquent plus fort)
- Croisière → presque nul
✦ Bon usage
- Peu utile, c’est un effet parasite. Juste à contrer au pied.
✦ Mauvais usage
- Si mal compensé, l’avion tend à :
- dévier latéralement,
- nécessiter des ailerons → perte d’efficacité,
- créer un dérapage dissymétrique dangereux proche du décrochage.
✈️ 4. Le couple de renversement (torque effect)
🌀 Définition
Le moteur et l’hélice tournent vers la droite → réaction : l’avion veut rouler à gauche (loi action/réaction).
Intensité selon :
- Forte puissance
- RPM élevé
- Pas faible (car hélice tourne plus vite)
- Basse vitesse (ailerons peu efficaces)
✦ Bon usage
- Anticiper au décollage, garder les ailes horizontales.
✦ Mauvais usage
- À basse vitesse : peut faire basculer l’avion et créer une inclinaison involontaire.
✈️ 5. L’effet gyroscopique
🌀 Définition
L’hélice agit comme un gyroscope.
Si on modifie rapidement l’assiette (cabrer/piquer), cela crée un couple perpendiculaire.
Surtout présent :
- sur avion avec hélice lourde,
- sur moteurs rotatifs ou puissants,
- en manœuvres rapides.
Exemple :
Sur un moteur tournant à droite :
- Tirer le manche = la force gyroscopique va provoquer un lacet à droite.
✈️ 6. Influence du pas de l’hélice sur ces effets
| Type de pas | Effet principal | Incidences |
|---|---|---|
| Pas court (climb) | Hélice tourne vite → forte traction à bas régime | ↗ souffle hélicoïdal, ↗ couple de renversement, ↗ P-factor |
| Pas long (cruise) | Hélice tourne plus lentement pour la même puissance | ↘ effets parasites, mais ↗ P-factor en forte incidence |
| Pas variable | Optimisation continue | Le pilote peut réduire les effets en réglant le régime |
✈️ 7. À différentes phases de vol
🛫 Décollage (pleine puissance, basse vitesse)
→ Tous les effets sont maximaux :
- fort souffle hélicoïdal
- fort couple
- fort P-factor
- compensation pied droit indispensable
🛩️ Montée
→ P-factor dominant (forte incidence)
→ Soufle hélicoïdal toujours actif
🧭 Croisière
→ Effets presque nuls (vitesse élevée, faible puissance)
🛬 Approche
→ Effets faibles sauf changement brusque de puissance → gyroscopique possible
✈️ 8. Bonnes pratiques pour minimiser les effets indésirables
- Utiliser le pied pour garder le vol coordonné (bille centrée).
- Appliquer progressivement la puissance.
- En pas variable :
→ adapter RPM/pas pour limiter l’excès de couple. - Sur hélice pas fixe :
→ comprendre le comportement de son avion en montée (prop climb) vs croisière (prop cruise). - Ne pas compenser aux ailerons ce qui doit être corrigé au pied.
✈️ 9. Résumé
- Bas régime / haute vitesse : effets faibles
- Haut régime / basse vitesse : effets maximum
- Pas court : augmente les effets parasites
- Pas long : réduit couple et spirale mais augmente P-factor en montée
